
Cet article bien qu'assez long ne traite pas des non-réponses de la médecine face à nos cas, et bien d'autres encore : peut mieut faire :
Internet bouleverse la relation médecin-malade
Auteur : Emmanuelle FRIEDMANN
Publié par :
http://www.la-croix.com/article/index.j ... rubId=5547
Le : 27/04/2009 20:00
***************
Maladie, symptôme, traitement, forme physique, alternatives
thérapeutiques... les Français sont de plus en plus nombreux à consulter
Internet pour des questions de santé
Sur le Web, les sites médicaux connaissent un succès grandissant : plus
de 128 millions de pages santé ont été répertoriées. Doctissimo, le plus
connu des sites de vulgarisation santé, a reçu en 2008 la visite de huit
millions d’internautes. Vidal, le célèbre éditeur du dictionnaire des
médicaments, vient de mettre en ligne eurekasante.fr, sur lequel on
trouve les posologies, les recommandations officielles, les effets
secondaires et les possibilités de remboursement des médicaments. «
Ainsi, les patients ont les mêmes informations que les médecins »,
explique Stéphane Korsia, un des directeurs du site.
Surfant sur la vague, plusieurs sites proposent même des diagnostics en
ligne ou des conseils d’automédication, comme docteurclic.com. « Les
différentes rubriques et tests permettent d’apprendre aux gens à se
poser les bonnes questions : Puis-je prendre des médicaments en libre
accès ? Que faut-il faire en cas de maux de tête ou de douleurs
thoraciques ? Dois-je appeler les urgences, cela peut-il attendre la
prochaine consultation ? », explique Loïc Étienne, ancien urgentiste,
revendiquant le sérieux et la fiabilité des tests d’évaluation
accessibles depuis son site, « les mêmes qu’emploient les médecins
urgentistes et qui permettent d’évaluer la gravité de la situation ».
Toutes ces informations interfèrent-elles lorsque le patient internaute
vient consulter son médecin ? Selon l’Association pour la qualité de
l’Internet santé, les recherches sur le Web sont évoquées dans 30 % des
consultations. « Beaucoup de médecins se sentent agressés par des
malades de plus en plus vindicatifs. Bien sûr, l’éducation à la santé
est positive. Apprendre à reconnaître un cas de méningite est salutaire,
mais Internet a changé la donne, le patient a aujourd’hui l’impression
d’en savoir autant que le soignant », explique Olivia Benhamou, auteur
du livre Comment peut-on encore être médecin ? (1).
Les médecins, indispensables intermédiaires
« Depuis qu’Internet intervient dans la relation thérapeutique, nous
sommes obligés de faire de gros efforts de pédagogie et de patience »,
reconnaît Martial Olivier-Koehret, président du Syndicat des médecins
généralistes (MG-France).
« Je trouve normal que les patients s’informent, mais tout est une
question de dosage, ajoute-t-il. Certains patients internautes nous
demandent de confirmer des diagnostics parfois complètement farfelus. Il
faut passer du temps ensuite à réexpliquer, à rassurer et à faire
comprendre que nous sommes des professionnels de santé : nous sommes là
pour leur apporter une réponse particulière, pas une réflexion générale
sur la maladie. De plus, il est impossible de faire une consultation en
ligne. Il ne suffit pas de répondre à un questionnaire et d’évaluer des
réponses. L’appréciation d’un individu se fait en face-à-face, dans sa
globalité. L’annonce d’un diagnostic est toujours délicate, cela suppose
d’avoir un peu d’humanité. Le risque est grand, sinon, que l’internaute
potentiellement malade reste dans sa solitude, avec son mal-être. »
Nombreux sont d’ailleurs les malades à avoir pris peur lors de leur
recherche sur le Web. « Il y a quelques années, j’ai vu, aux résultats
d’un bilan sanguin, que mon taux de créatinine était largement trop
élevé, se souvient Lucette Bicard-Delcambre, qui souffre d’un diabète de
type I. J’ai regardé sur Internet ce que cela pouvait entraîner. Au bout
de quelques clics, je me suis déjà imaginée en dialyse. C’est mon
médecin qui, plusieurs jours plus tard, m’a expliqué que les résultats
avaient été faussés par la prise d’un médicament. Mais j’ai vraiment eu
très peur. »
La fiabilité des sites médicaux en question
Sur les forums, les expériences s’échangent, des liens se créent, mais,
même avec un très bon modérateur, les dérapages peuvent être fréquents.
On trouve de tout, personnes mal intentionnées, résultats d’analyse non
adaptés, mythomanes.
Carole Robert, présidente de l’association Fibromyalgie France, en a
fait l’expérience : « Il y a quelques années, des gens s’étaient
introduits sur notre forum pour y faire des rencontres amoureuses. Les
personnes malades sont souvent en grande souffrance, il est plus facile
de les déstabiliser. Depuis, nous l’avons fermé et une grande partie de
notre site n’est plus accessible qu’à nos membres. D’une façon générale,
dans le cas de la fibromyalgie, il est difficile de poser un diagnostic
et il y a différents niveaux de maladie. Il peut donc être dangereux de
lire des propos généraux sur la maladie. »
Les moteurs de recherche font aboutir l’internaute sur des pages
décontextualisées qui peuvent être aussi bien des études scientifiques
très pointues que des forums de discussion ouverts à tous. Il est rare
que la personne repère immédiatement le site sur lequel elle navigue. La
plupart des pages ne sont pas datées, et les informations peuvent être
erronées, ou même complètement fausses. Quelle confiance accorder à un
site plutôt qu’à un autre ? Comment être certain de la fiabilité de
l’information ?
Internet pour un meilleur suivi médico-psychologique
Consciente du problème, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande aux
internautes de se poser trois questions lorsqu’ils naviguent sur
Internet : Qui a écrit le contenu du site ? Quelles sont ses compétences
? Quelles sont ses motivations ? Elle recommande aussi de consulter plus
volontiers les sites détenteurs du logo HON. Si cette certification ne
garantit pas le fond éditorial, elle oblige le site détenteur du logo à
mentionner clairement les sources, les auteurs et les dates.
« C’est une question de temps et de pratique pour que les gens
apprennent à identifier systématiquement les différents niveaux
d’information des sites qu’ils consultent, explique Ségolène Aymé,
directrice et fondatrice du site Orpha.net. Nous sommes aujourd’hui
mondialement connus pour être une référence dans le domaine des maladies
rares et la plupart des gens concernés viennent directement sur notre
site. Pour eux, Internet est capital, c’est le seul moyen d’être mis en
relation avec d’autres malades, d’échanger leurs expériences. Le Web a
une dimension complémentaire à la prise en charge médicale. »
Devant l’ampleur du phénomène, certains médecins ont décidé de créer
eux-mêmes leur site pour compléter l’information qu’ils donnent à leurs
patients après une consultation. « Lorsque le patient est atteint d’une
maladie chronique, comme une hépatite virale B ou C, l’appui d’un site
Internet peut l’aider à comprendre et à gérer sa maladie. Il est plus
facile, ensuite, de dialoguer avec lui, explique Didier Mennecier,
médecin hépato-gastro-entérologue, créateur du site hepatoweb.com et
président de l’association des Médecins maîtres-Toile (les médecins
webmaster dont le logo est un toucan). Mais c’est seulement après le
premier entretien que je propose au patient de consulter mon site. »
(1) à paraître début mai aux Éditions Mille et une nuits, 18 €.
Et pour cause :
Les liens entre médecins et laboratoires de nouveau sur la sellette
Auteur : Sandrine Blanchard
Publié par : LE MONDE
Le : 27.04.09
******************
L'information médicale est-elle transparente ? Non, répondent sans
détour le collectif Formindep (Pour une formation et une information
médicales indépendantes) et l'association de consommateurs UFC-Que
choisir. Selon eux, la loi qui oblige les professionnels de santé à
déclarer leurs éventuels conflits d'intérêts avec les firmes
pharmaceutiques lorsqu'ils s'expriment publiquement sur un produit de
santé, "n'est pas respectée".
C'est pourquoi l'UFC-Que choisir a annoncé, lundi 27 avril, qu'elle
portait plainte contre neuf médecins pour non-respect de l'article
L.4113-13 du code de santé publique. "Nous avons, symboliquement, choisi
des leaders d'opinion pour susciter un électrochoc, mais il ne s'agit
que des arbres qui cachent la forêt", explique Christophe Leguehennec,
chargé de mission santé à l'UFC.
Ces plaintes ont pour origine l'enquête menée en avril 2008 par le
Formindep. Durant un mois, ce collectif de professionnels de santé a
observé les prises de position de plus de 150 médecins dans les médias
et les congrès. Résultat : alors qu'aucun d'entre eux n'avait déclaré de
liens d'intérêts, en réalité près d'une soixantaine en avait.
Le collectif a écrit aux conseils départementaux de l'ordre des
médecins, chargé du respect de la loi et du contrôle des conventions
passées entre les médecins et les laboratoires pharmaceutiques. "A de
rares exceptions près, c'est l'opacité générale", constate le docteur
Philippe Foucras, responsable du Formindep. "Nous n'avons pas à répondre
à vos questions extrêmement pernicieuses", a fait valoir le secrétaire
général du conseil de l'ordre de Paris.
Son homologue du Pas-de-Calais confirme que son instance est bien
"garante des contrats et conventions signés entre un médecin et
l'industrie" mais, ajoute-t-il, "les formations médicales continues ne
pourraient pas, dans la plupart des cas, être réalisées sans le support
de l'industrie pharmaceutique".
D'autres ont rétorqué que "les documents contractuels en notre
possession sont et doivent demeurer confidentiels". Finalement, "c'est
suite à nos propres recherches que nous avons découvert des liens,
souvent majeurs, entre certains médecins et l'industrie pharmaceutique",
explique le docteur Foucras.
Directs ou indirects, durables ou ponctuels, ces liens d'intérêts
peuvent recouvrir des fonctions rémunérées de consultant, de conseil,
des participations à des essais cliniques, des rapports d'expertise, des
conférences, des actions de formation, etc. Les médecins mis en cause
sont essentiellement des spécialistes (gynécologue, cardiologue,
diabétologue, professeur de nutrition, etc.) à qui il est reproché de
mettre en avant certains traitements sans préciser les liens qu'ils ont
avec les laboratoires qui les commercialisent. "Tous les médecins qui
ont un certain renom ont peu ou prou des liens avec l'industrie
pharmaceutique et tous les congrès médicaux ainsi que la formation
continue vivent en partie grâce aux laboratoires", justifie le docteur
Henri Rozenbaum, président de l'Association française pour l'étude de la
ménopause (AFEM), l'un des neuf médecins visés par une plainte. "Une
plainte ? Vous me l'apprenez. En 2008, j'avais un lien avec un seul labo
; je n'en ai plus aucun à l'heure actuelle et je ne crois pas avoir
enfreint la loi", souligne-t-il.
"Savoir qui parle, pouvoir distinguer la communication de l'information,
n'est pas un point de détail ; c'est la qualité des soins mais aussi les
répercussions sur les prescrïptions et leur coût pour
l'assurance-maladie qui sont en jeu", considère l'UFC-Que choisir.
L'association réclame la création "d'une base de données publique
recensant les déclarations d'intérêts des médecins".
Dans son rapport de 2007 consacré à l'information des médecins
généralistes sur le médicament, l'Inspection générale des affaires
sociales (IGAS) pointait du doigt "les conflits d'intérêts omniprésents"
et "la nécessité d'appliquer de manière rigoureuse la loi relative aux
conventions et aux liens unissant les professionnels de santé aux
entreprises".
--------------
La communication médicale encadrée
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé encadre la communication médicale.
L'article L4113-13 du code de la santé publique prévoit ainsi que : "Les
membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises
et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des
organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les
faire connaître au public lorsqu'ils s'expriment lors d'une
manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de
tels produits. Les manquements aux règles sont punis de sanctions
prononcées par l'ordre professionnel compétent."
Il a toutefois fallu attendre le 25 mars 2007 pour que le décret
d'application de la loi soit publié.
Internet bouleverse la relation médecin-malade
Auteur : Emmanuelle FRIEDMANN
Publié par :
http://www.la-croix.com/article/index.j ... rubId=5547
Le : 27/04/2009 20:00
***************
Maladie, symptôme, traitement, forme physique, alternatives
thérapeutiques... les Français sont de plus en plus nombreux à consulter
Internet pour des questions de santé
Sur le Web, les sites médicaux connaissent un succès grandissant : plus
de 128 millions de pages santé ont été répertoriées. Doctissimo, le plus
connu des sites de vulgarisation santé, a reçu en 2008 la visite de huit
millions d’internautes. Vidal, le célèbre éditeur du dictionnaire des
médicaments, vient de mettre en ligne eurekasante.fr, sur lequel on
trouve les posologies, les recommandations officielles, les effets
secondaires et les possibilités de remboursement des médicaments. «
Ainsi, les patients ont les mêmes informations que les médecins »,
explique Stéphane Korsia, un des directeurs du site.
Surfant sur la vague, plusieurs sites proposent même des diagnostics en
ligne ou des conseils d’automédication, comme docteurclic.com. « Les
différentes rubriques et tests permettent d’apprendre aux gens à se
poser les bonnes questions : Puis-je prendre des médicaments en libre
accès ? Que faut-il faire en cas de maux de tête ou de douleurs
thoraciques ? Dois-je appeler les urgences, cela peut-il attendre la
prochaine consultation ? », explique Loïc Étienne, ancien urgentiste,
revendiquant le sérieux et la fiabilité des tests d’évaluation
accessibles depuis son site, « les mêmes qu’emploient les médecins
urgentistes et qui permettent d’évaluer la gravité de la situation ».
Toutes ces informations interfèrent-elles lorsque le patient internaute
vient consulter son médecin ? Selon l’Association pour la qualité de
l’Internet santé, les recherches sur le Web sont évoquées dans 30 % des
consultations. « Beaucoup de médecins se sentent agressés par des
malades de plus en plus vindicatifs. Bien sûr, l’éducation à la santé
est positive. Apprendre à reconnaître un cas de méningite est salutaire,
mais Internet a changé la donne, le patient a aujourd’hui l’impression
d’en savoir autant que le soignant », explique Olivia Benhamou, auteur
du livre Comment peut-on encore être médecin ? (1).
Les médecins, indispensables intermédiaires
« Depuis qu’Internet intervient dans la relation thérapeutique, nous
sommes obligés de faire de gros efforts de pédagogie et de patience »,
reconnaît Martial Olivier-Koehret, président du Syndicat des médecins
généralistes (MG-France).
« Je trouve normal que les patients s’informent, mais tout est une
question de dosage, ajoute-t-il. Certains patients internautes nous
demandent de confirmer des diagnostics parfois complètement farfelus. Il
faut passer du temps ensuite à réexpliquer, à rassurer et à faire
comprendre que nous sommes des professionnels de santé : nous sommes là
pour leur apporter une réponse particulière, pas une réflexion générale
sur la maladie. De plus, il est impossible de faire une consultation en
ligne. Il ne suffit pas de répondre à un questionnaire et d’évaluer des
réponses. L’appréciation d’un individu se fait en face-à-face, dans sa
globalité. L’annonce d’un diagnostic est toujours délicate, cela suppose
d’avoir un peu d’humanité. Le risque est grand, sinon, que l’internaute
potentiellement malade reste dans sa solitude, avec son mal-être. »
Nombreux sont d’ailleurs les malades à avoir pris peur lors de leur
recherche sur le Web. « Il y a quelques années, j’ai vu, aux résultats
d’un bilan sanguin, que mon taux de créatinine était largement trop
élevé, se souvient Lucette Bicard-Delcambre, qui souffre d’un diabète de
type I. J’ai regardé sur Internet ce que cela pouvait entraîner. Au bout
de quelques clics, je me suis déjà imaginée en dialyse. C’est mon
médecin qui, plusieurs jours plus tard, m’a expliqué que les résultats
avaient été faussés par la prise d’un médicament. Mais j’ai vraiment eu
très peur. »
La fiabilité des sites médicaux en question
Sur les forums, les expériences s’échangent, des liens se créent, mais,
même avec un très bon modérateur, les dérapages peuvent être fréquents.
On trouve de tout, personnes mal intentionnées, résultats d’analyse non
adaptés, mythomanes.
Carole Robert, présidente de l’association Fibromyalgie France, en a
fait l’expérience : « Il y a quelques années, des gens s’étaient
introduits sur notre forum pour y faire des rencontres amoureuses. Les
personnes malades sont souvent en grande souffrance, il est plus facile
de les déstabiliser. Depuis, nous l’avons fermé et une grande partie de
notre site n’est plus accessible qu’à nos membres. D’une façon générale,
dans le cas de la fibromyalgie, il est difficile de poser un diagnostic
et il y a différents niveaux de maladie. Il peut donc être dangereux de
lire des propos généraux sur la maladie. »
Les moteurs de recherche font aboutir l’internaute sur des pages
décontextualisées qui peuvent être aussi bien des études scientifiques
très pointues que des forums de discussion ouverts à tous. Il est rare
que la personne repère immédiatement le site sur lequel elle navigue. La
plupart des pages ne sont pas datées, et les informations peuvent être
erronées, ou même complètement fausses. Quelle confiance accorder à un
site plutôt qu’à un autre ? Comment être certain de la fiabilité de
l’information ?
Internet pour un meilleur suivi médico-psychologique
Consciente du problème, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande aux
internautes de se poser trois questions lorsqu’ils naviguent sur
Internet : Qui a écrit le contenu du site ? Quelles sont ses compétences
? Quelles sont ses motivations ? Elle recommande aussi de consulter plus
volontiers les sites détenteurs du logo HON. Si cette certification ne
garantit pas le fond éditorial, elle oblige le site détenteur du logo à
mentionner clairement les sources, les auteurs et les dates.
« C’est une question de temps et de pratique pour que les gens
apprennent à identifier systématiquement les différents niveaux
d’information des sites qu’ils consultent, explique Ségolène Aymé,
directrice et fondatrice du site Orpha.net. Nous sommes aujourd’hui
mondialement connus pour être une référence dans le domaine des maladies
rares et la plupart des gens concernés viennent directement sur notre
site. Pour eux, Internet est capital, c’est le seul moyen d’être mis en
relation avec d’autres malades, d’échanger leurs expériences. Le Web a
une dimension complémentaire à la prise en charge médicale. »
Devant l’ampleur du phénomène, certains médecins ont décidé de créer
eux-mêmes leur site pour compléter l’information qu’ils donnent à leurs
patients après une consultation. « Lorsque le patient est atteint d’une
maladie chronique, comme une hépatite virale B ou C, l’appui d’un site
Internet peut l’aider à comprendre et à gérer sa maladie. Il est plus
facile, ensuite, de dialoguer avec lui, explique Didier Mennecier,
médecin hépato-gastro-entérologue, créateur du site hepatoweb.com et
président de l’association des Médecins maîtres-Toile (les médecins
webmaster dont le logo est un toucan). Mais c’est seulement après le
premier entretien que je propose au patient de consulter mon site. »
(1) à paraître début mai aux Éditions Mille et une nuits, 18 €.
Et pour cause :
Les liens entre médecins et laboratoires de nouveau sur la sellette
Auteur : Sandrine Blanchard
Publié par : LE MONDE
Le : 27.04.09
******************
L'information médicale est-elle transparente ? Non, répondent sans
détour le collectif Formindep (Pour une formation et une information
médicales indépendantes) et l'association de consommateurs UFC-Que
choisir. Selon eux, la loi qui oblige les professionnels de santé à
déclarer leurs éventuels conflits d'intérêts avec les firmes
pharmaceutiques lorsqu'ils s'expriment publiquement sur un produit de
santé, "n'est pas respectée".
C'est pourquoi l'UFC-Que choisir a annoncé, lundi 27 avril, qu'elle
portait plainte contre neuf médecins pour non-respect de l'article
L.4113-13 du code de santé publique. "Nous avons, symboliquement, choisi
des leaders d'opinion pour susciter un électrochoc, mais il ne s'agit
que des arbres qui cachent la forêt", explique Christophe Leguehennec,
chargé de mission santé à l'UFC.
Ces plaintes ont pour origine l'enquête menée en avril 2008 par le
Formindep. Durant un mois, ce collectif de professionnels de santé a
observé les prises de position de plus de 150 médecins dans les médias
et les congrès. Résultat : alors qu'aucun d'entre eux n'avait déclaré de
liens d'intérêts, en réalité près d'une soixantaine en avait.
Le collectif a écrit aux conseils départementaux de l'ordre des
médecins, chargé du respect de la loi et du contrôle des conventions
passées entre les médecins et les laboratoires pharmaceutiques. "A de
rares exceptions près, c'est l'opacité générale", constate le docteur
Philippe Foucras, responsable du Formindep. "Nous n'avons pas à répondre
à vos questions extrêmement pernicieuses", a fait valoir le secrétaire
général du conseil de l'ordre de Paris.
Son homologue du Pas-de-Calais confirme que son instance est bien
"garante des contrats et conventions signés entre un médecin et
l'industrie" mais, ajoute-t-il, "les formations médicales continues ne
pourraient pas, dans la plupart des cas, être réalisées sans le support
de l'industrie pharmaceutique".
D'autres ont rétorqué que "les documents contractuels en notre
possession sont et doivent demeurer confidentiels". Finalement, "c'est
suite à nos propres recherches que nous avons découvert des liens,
souvent majeurs, entre certains médecins et l'industrie pharmaceutique",
explique le docteur Foucras.
Directs ou indirects, durables ou ponctuels, ces liens d'intérêts
peuvent recouvrir des fonctions rémunérées de consultant, de conseil,
des participations à des essais cliniques, des rapports d'expertise, des
conférences, des actions de formation, etc. Les médecins mis en cause
sont essentiellement des spécialistes (gynécologue, cardiologue,
diabétologue, professeur de nutrition, etc.) à qui il est reproché de
mettre en avant certains traitements sans préciser les liens qu'ils ont
avec les laboratoires qui les commercialisent. "Tous les médecins qui
ont un certain renom ont peu ou prou des liens avec l'industrie
pharmaceutique et tous les congrès médicaux ainsi que la formation
continue vivent en partie grâce aux laboratoires", justifie le docteur
Henri Rozenbaum, président de l'Association française pour l'étude de la
ménopause (AFEM), l'un des neuf médecins visés par une plainte. "Une
plainte ? Vous me l'apprenez. En 2008, j'avais un lien avec un seul labo
; je n'en ai plus aucun à l'heure actuelle et je ne crois pas avoir
enfreint la loi", souligne-t-il.
"Savoir qui parle, pouvoir distinguer la communication de l'information,
n'est pas un point de détail ; c'est la qualité des soins mais aussi les
répercussions sur les prescrïptions et leur coût pour
l'assurance-maladie qui sont en jeu", considère l'UFC-Que choisir.
L'association réclame la création "d'une base de données publique
recensant les déclarations d'intérêts des médecins".
Dans son rapport de 2007 consacré à l'information des médecins
généralistes sur le médicament, l'Inspection générale des affaires
sociales (IGAS) pointait du doigt "les conflits d'intérêts omniprésents"
et "la nécessité d'appliquer de manière rigoureuse la loi relative aux
conventions et aux liens unissant les professionnels de santé aux
entreprises".
--------------
La communication médicale encadrée
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé encadre la communication médicale.
L'article L4113-13 du code de la santé publique prévoit ainsi que : "Les
membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises
et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des
organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les
faire connaître au public lorsqu'ils s'expriment lors d'une
manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de
tels produits. Les manquements aux règles sont punis de sanctions
prononcées par l'ordre professionnel compétent."
Il a toutefois fallu attendre le 25 mars 2007 pour que le décret
d'application de la loi soit publié.