Intoxication au plombage au mercure : un dentiste témoigne
Exposés aux vapeurs de mercure libérées lors de la condensation et du fraisage
de l'amalgame ou plombage), les dentistes sont eux aussi intoxiqués. Le problème
est réel mais occulté par les autorités sanitaires françaises qui nient tout
risque, tant pour le dentiste qui manipule l'amalgame que pour le patient qui le
porte en bouche. Le docteur JM Bousquet, qui a aujourd'hui cessé de pratiquer en
raison de problèmes de santé graves, témoigne de son parcours.
Les récents propos insultants tenus par M. Goldberg dans le CDF paru fin février
2008* mobligent à réagir et à témoigner. Alors que des pays scandinaves ont
restreint depuis longtemps lutilisation de lamalgame dentaire et que la
Norvège vient de l'interdire, et pas seulement pour des raisons
environnementales, la France, sappuyant sur les conclusions faussement
rassurantes du très controversé rapport de lAssaps de 2005 continue à justifier
et autoriser le recours à ce matériau constitué pour 50% dun produit maintenant
classé CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique). En revanche à la même
époque, sur la même question de la toxicité potentielle du mercure, la Suède
dans un rapport beaucoup mieux étayé et plus objectif arrivait à des conclusions
totalement opposées.
* Article intitulé Merci au ministre norvégien de l'Environnement dont on peut
lire une critique sur le site des éditions Luigi Castelli.
Déclenchement d'une maladie neuro-dégénérative
Jai exercé en tant que chirurgien dentiste à Cahors pendant 25 ans mais, en
2002, jai dû cesser mon activité pour invalidité professionnelle suite à une
maladie neurodégénérative sensitivomotrice dévolution péjorative apparue
soudainement en 1989, à lâge de 37 ans. Pendant mes études, javais appris que
le mercure était un poison mais on nous avait enseigné quune fois lié aux
autres métaux de lamalgame, il ne présentait plus aucun danger. Dès le début de
la maladie jai songé à un intoxication mercurielle, mais l'hypothèse a été
infirmée par de simples analyses durine qui ont montrées en 1990, puis en 1999
des taux de mercure inférieurs à la norme de 10 microgramme par litre.
Bons et mauvais dosages
Ainsi jusquen 1998, je me contentais du diagnostic de "probable maladie de
Charcot-Marie-Tooth atypique et sporadique". Mais début 1999, grâce à
lassociation Non Au Mercure Dentaire, jai appris que lanalyse durine
spontanée nest pas un bon indicateur de lintoxication mercurielle chronique.
Ce sera plus tard confirmé par un toxicologue universitaire qui écrit à mon
sujet en 2003 : « les concentrations mercurielles sanguines et urinaires ne sont
pas représentatives dune pollution mercurielle chronique ancienne puisque la
mercuriémie reflète une contamination instantanée et que la mercuriurie est un
bon indicateur dune exposition de lordre du trimestre ». Ce toxicologue
suggérait «dévaluer la quantité de Hg accumulé dans lorganisme à laide dun
traitement chélateur DMPS, traitement favorisant par ailleurs la désintoxication
du tissu nerveux dans lequel la demi-vie biologique du mercure serait de lordre
de 18 ans». En mars 2000, le dosage du mercure dans les selles et les urines,
deux heures après la prise de trois comprimés du chélateur DMPS, avait
effectivement montré des chiffres très élevés, apportant la preuve d'un stockage
important des métaux des amalgames dentaires mis en évidence par le chélateur.
Malheureusement, de violentes migraines, provoquées par la mobilisation du
mercure, m'ont empêché de poursuivre le traitement de chélation par DMPS.
Déni médical
Malgré ces résultats, les neurologues qui me suivent nont jamais su, voulu ou
pu aller dans la direction dune pathologie induite par le mercure et se sont
toujours référés aux simples analyses préconisées par lAfssaps. En 2000, jai
même participé à létude de F. Toumelin-Chemla sappuyant sur ces simples taux
de mercure urinaires. Quand on sait que ces recherches ont été faites en
collaboration avec Dentoria (un important fabricant d'amalgame!), on peut
émettre des doutes sur leurs conclusions. Pour prouver la non toxicité du
mercure, il suffit de ne pas choisir le bon indicateur! Il en sera de même en
2006 quand jai suivi le protocole de lAfssaps destiné à soccuper des malades
pensant être intoxiqués par ce poison. Cest la présidente du Collège français
des biomatériaux dentaires qui sest chargée de moi! Quant au biologiste qui a
fait mes analyses, il a reconnu par téléphone ne pas être spécialiste de
lintoxication mercurielle, il faisait pourtant parti du groupe dexperts de
lAfssaps! Une chance, on ne ma pas envoyé chez le psychiatre!
Problème de santé publique
Des analyses faites en Allemagne dans un laboratoire agréé montrent que je suis
victime dune intoxication mercurielle chronique, non reconnue en France. A mon
avis, elle est due aux nombreux amalgames que jai eu très longtemps en bouche
mais surtout au mercure que jai inhalé en le manipulant sans précaution des
années durant et auquel je dois avoir une hypersensibilité, sans doute
génétique. On connaît depuis longtemps la toxicité du mercure, son relargage à
partir des plombages est connu, ce métal est interdit dans de nombreux domaines
et pourtant, en France, on continue de nous abuser
Pourquoi ne pas appliquer le
principe de précaution et exiger lAMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pour
lamalgame et les autres matériaux dentaires, comme c'est le cas pour les
médicaments? Faut-il que, pour des raisons économiques à court terme, on
continue à empoisonner la population et quéclate un nouveau scandale?
Jean-Marie Bousquet
Source : http://www.holodent.com/article-18556346.html